Aller au-delà de la simple survie : le rôle du General Counsel (GC) dans la sortie de crise.

BLR n° 47 – 20/02/2025

temps de lecture 3 minutes

Au-delà de la coordination indispensable des dirigeants et des conseils externes pendant une crise, le GC a également un rôle essentiel à jouer dans une perspective de plus long-terme.

Les perspectives de risques s’élargissent pour les entreprises dans le monde entier. Un contrôle des autorités de plus en plus présent, des menaces croissantes liées à la sécurité des données et à leur confidentialité, des avancées technologiques rapides et des pressions incessantes liées à la conjoncture sociopolitique rendent plus probable qu’une entreprise soit confrontée à un incident inattendu qui viendrait menacer son avenir.

Sans surprise, ce contexte augmente plus que jamais les exigences qui pèsent sur les GCs. Selon le rapport FTI Consulting et Relativity de 2023 « General Counsel Report » 1, face à une demande en forte croissance, les capacités et les budgets sont rigides pour 79 % des directions juridiques. Tous les juristes relèvent une augmentation de la charge de travail liée à la gestion des risques et à la réponse aux incidents de crise.

Selon le rapport FTI Consulting et Relativity de 2023 « General Counsel Report », face à une demande en forte croissance, les capacités et les budgets sont rigides pour 79 % des directions juridiques.

Les GCs et la phase de survie d’une crise

Lors d’une crise, le rôle du GC s’étend fréquemment au-delà des aspects strictement juridiques. Le GC est, notamment, très souvent impliqué dans la constitution de l’équipe de réponse incluant des responsables fonctionnels pour leur vision globale de l’entreprise. Il assume un rôle tant dans la remédiation de la crise que dans la détermination de la cause première de celle-ci.

Cela signifie qu’un GC bien préparé voudra réfléchir en amont à la manière dont il gérera ce rôle, en s’attachant notamment à désigner une cellule de crise pour le traitement des conséquences immédiates, mais également pour rechercher l’origine de la crise.

Trouver le bon équilibre nécessite l’implication de la direction générale, des dirigeants des différentes entités, de l’équipe de communication et des conseils externes en communication de crise.

Pendant la phase de réponse immédiate, les exigences pesant sur le GC incluront probablement les échanges avec les membres du conseil d’administration, la réponse aux questions des autorités et l’anticipation de possibles contentieux. Le rôle du GC peut également inclure la coordination d’une équipe de communication de crise chargée des relations avec les médias, les investisseurs, les instances gouvernementales, les employés, les réseaux sociaux et les ressources humaines.

En effet, l’un des défis les plus pressants du GC est de répondre à la nécessité d’un plan de communication interne et externe. D’une part, il faut fournir une explication transparente qui rassure les parties prenantes ; d’autre part, il faut prendre en compte les risques juridiques, réglementaires et réputationnels liés au fait d’en dire trop avant que tous les faits ne soient connus. Trouver le bon équilibre nécessite l’implication de la direction générale, des dirigeants des différentes entités, de l’équipe de communication et des conseils externes en communication de crise.

Une chose est certaine : les journées seront encore plus longues en cas de crise. Avec des services juridiques déjà sous pression, l’ajout des nombreuses responsabilités liées à une crise à un emploi du temps déjà chargé de missions quotidiennes est une lourde tâche. S’appuyer sur la cellule de gestion de crise est indispensable, mais il existe d’autres stratégies qu’un GC peut mettre en œuvre pour naviguer à travers une crise avec succès et s’assurer que ses autres responsabilités ne soient pas négligées entre-temps.

Evaluez ses ressources internes. Les crises ont tendance à monopoliser les actions. Tout en élaborant un plan efficace pour faire face aux conséquences d’une fuite de données, d’une fraude, d’une erreur opérationnelle ou même d’allégations d’activistes, le GC doit s’assurer que le service juridique peut continuer à répondre aux besoins quotidiens de l’organisation. Une crise peut n’affecter qu’un faible pourcentage de l’activité d’une entreprise tout en monopolisant une énorme partie des ressources et du temps du service juridique.

La gestion des priorités afin d’estimer les ressources nécessaires pour surmonter la crise sans négliger les besoins et les demandes du reste de l’entreprise est recommandé.

Il y a une tendance à impliquer tout le monde dans la crise immédiate, mais cela n’est peut-être pas nécessaire. La gestion des priorités afin d’estimer les ressources nécessaires pour surmonter la crise sans négliger les besoins et les demandes du reste de l’entreprise est recommandé.

S’appuyez sur des expertises externes. Faire face à une crise exige des expertises spécifiques. En complément des talents internes, recourir à des conseils externes tels que des experts en forensic, des experts en analyse de données et des professionnels en communication stratégique offre des capacités complémentaires et une perspective indépendante. Les crises, comme on le dit souvent à propos de l’histoire, ne se répètent pas à l’identique mais riment souvent entre elles. Ainsi, collaborer avec des personnes externes ayant une expérience approfondie du type de problème auquel le GC est confronté libère non seulement des ressources internes, mais améliore également significativement la probabilité d’une meilleure résolution.

Les crises, comme on le dit souvent à propos de l’histoire, ne se répètent pas à l’identique mais riment souvent entre elles

Utilisez sa propre expérience. Il est probable que de nombreux dirigeants n’aient jamais géré une crise majeure personnellement. Cependant, le GC l’a probablement déjà fait. Accéder à ce poste implique souvent une longue carrière comprenant une expérience de directeur juridique adjoint, d’avocat, ou une autre expérience au cours de laquelle il a probablement vécu la gestion d’une crise sur le terrain. Ce type d’acquis peut aider chaque membre de la cellule de crise.

Le GC, l’allié indispensable pour passer de la survie à la prospérité

Le GC a toujours un rôle majeur à jouer même lorsque les aspects juridiques urgents et autres conséquences de la crise s’estompent.

Compte tenu de toutes les exigences pesant sur le GC et la direction générale, il est compréhensible qu’une organisation cherche à passer rapidement de la gestion de crise à autre chose. Mais le GC a toujours un rôle majeur à jouer même lorsque les aspects juridiques urgents et autres conséquences de la crise s’estompent. Voici comment un GC peut aider une organisation à prospérer après le pire de la crise.

Promouvoir des solutions à long terme. Les compétences du GC lui permettent d’encourager des actions qui aideront une organisation à se remettre d’une crise et éviter la suivante. Étant souvent perçu en interne comme un médiateur fiable, il peut travailler en étroite collaboration avec les équipes de l’entreprise qui ont un intérêt à s’assurer que les changements nécessaires à long terme soient pris en compte. Ainsi, le GC peut collaborer avec les équipes qui gèrent les risques et la conformité pour s’assurer qu’ils disposent de ressources suffisantes pour éviter les écueils futurs ayant conduit à une crise. Il peut travailler avec les affaires publiques et les services communication externe. Il peut ainsi s’assurer, par exemple, qu’un problème lié à un produit à l’origine de la crise soit non seulement corrigé au niveau de la fabrication, mais également que les mesures prises par l’entreprise soient portées à la connaissance des régulateurs appropriés et autres parties prenantes.

Encourager la réflexion prospective. Mettre un terme à une crise implique de reconstruire la réputation d’une entreprise. Cela nécessite à la fois du temps et de l’engagement. Et les entreprises peuvent hésiter à investir de la même manière dans la réhabilitation à long terme de leur réputation qu’elles ont pu le faire pour gérer la crise initiale. Les GCs étant chargés de la surveillance des risques émergents et de leur gestion sur le long terme, ils ont une perspective unique sur le type de réflexion et d’investissement nécessaires pour réellement réhabiliter l’entreprise sur le long terme.

Mettre un terme à une crise implique de reconstruire la réputation d’une entreprise. Cela nécessite à la fois du temps et de l’engagement.

Dire la vérité aux décideurs. Se remettre des crises implique parfois de prendre des décisions impopulaires pour préserver la capacité d’exploitation à long terme de l’entreprise. Ces types de décisions peuvent avoir un impact négatif sur les marges ou les ventes mais sont essentiels pour protéger l’entreprise d’un retour à la crise. Le GC possède de l’expérience dans la mise en place de garde-fous juridiques qui peuvent prévenir les motivations d’un groupe interne à causer involontairement du tort à l’organisation.

Passer de la survie à la prospérité à la suite d’une crise ne consiste pas à réécrire l’histoire.

Finalement, passer de la survie à la prospérité à la suite d’une crise ne consiste pas à réécrire l’histoire. Il s’agit d’apprendre de l’expérience, de procéder à de véritables changements dans le fonctionnement d’une entreprise, de regagner la confiance des principales parties prenantes avec le temps et de gérer les risques avec succès. Grâce à la mise en œuvre de ces différents éléments, les parties prenantes peuvent être confiantes que la crise n’est pas seulement derrière elles mais que le problème est peu susceptible de se reproduire. Les GC jouent un rôle important pour y parvenir. Après tout, qui est plus familier avec le risque qu’eux ?


  1. https://www.fticonsulting.com/insights/reports/general-counsel-report-2023 ↩︎

Auteurs et contacts :

Les auteurs de l’article original sont William J. Perlstein, Global Segment Leader of Forensic and Litigation Consulting, Vice Chaire of Client Services et Rachel Rosenblatt, Senior Managing Director, Head of Americas Retail & Consumer Products.

https://www.fticonsulting.com/insights/fti-journal/more-than-mere-survival-gcs-role-crisis

Vos contacts chez FTI Consulting France sont Cyril Naudin, Senior Managing Director, Head of France Investigations & Compliance et Karl Payeur, Senior Managing Director, Co-Leader of France.

FTI Consulting, Inc. est reconnu comme le premier cabinet d’expertise mondial pour les organisations confrontées à des crises et des transformations, avec plus de 8 300 employés répartis dans 34 pays. Le groupe a généré un chiffre d’affaires de 3,49 milliards de dollars au cours de l’exercice 2023. Dans certaines juridictions, les services FTI Consulting sont fournis par des entités juridiques distinctes, capitalisées séparément et gérées indépendamment. Pour plus d’informations, consultez notre site www.fticonsulting.com

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