Mieux comprendre nos émotions pour retrouver un libre arbitre
BLR n° 48 – 20/03/2025
La minute du coach avec Virginie Jubault
Le rôle des émotions
Comme nous l’avons exploré précédemment, les émotions sont des moteurs puissants qui influencent nos actions et décisions quotidiennes. Contrairement aux idées reçues, il est possible de développer une certaine maîtrise émotionnelle grâce à une prise de conscience appropriée.
Cette conscience nous permet notamment d’identifier les besoins sous-jacents, qu’ils soient satisfaits ou non, et d’adapter notre comportement en conséquence.
Les mécanismes de protection cognitive
Notre cerveau met parfois en place des mécanismes d’isolement émotionnel pour nous protéger des expériences trop intenses.
Cette mise à l’écart n’est cependant pas neutre sur l’organisme. Cette part exilée entraîne de nombreux ajustements dans notre système. Toujours dans cette dynamique de mieux comprendre nos émotions, réaliser les stratagèmes que le cerveau met en place peut nous aider à moins subir et retrouver notre libre arbitre.
Les raisons d’avoir peur sont universelles. Nous sommes animés
par la peur d’être abandonné, rejeté, humilié, jugé, trahi, ne pas correspondre, ne pas avoir sa place, subir l’injustice…
L’activation de la peur dépend en revanche de chacun d’entre nous à travers son cadre de référence hérité de la famille et de la culture principalement.
« Je n’ai pas le droit de » … dire non, d’avoir des besoins, de briller, de pleurer, de montrer mes faiblesses, de me tromper, de m’amuser, de m’épanouir, d’être aimée, d’être moi-même…
La mise à l’écart des expériences jugées négatives par le cerveau
Face à une expérience traumatisante, le cerveau isole la part affectée pour protéger l’équilibre psychique global.
Exemple concret : à la suite d’une présentation critiquée devant des collègues, accompagnée de remarques dévalorisantes d’un supérieur, une réaction de protection s’active. « Je ne prendrai plus jamais d’initiatives en public » devient alors un principe directeur inconscient. Chaque situation similaire renforce ce mécanisme défensif.
Stratagèmes mis en place par le cerveau afin de protéger la part blessée et ne pas réveiller la douleur
Stratégies de contrôle
- Critiquer les autres (pour essayer de contrôler le monde extérieur)
- S’auto critiquer (pour tenter de contrôler son monde intérieur)
- Se montrer serviable (pour être plus facilement accepté.e)
- Chercher la perfection (pour éviter les reproches)
- Se sur adapter
- Pratiquer l’autosabotage
- Ne pas se dévoiler
- S’écarter du groupe
- Calculer tous les risques avant de faire quelque chose
Stratégies de compensation. Lorsque le contrôle s’avère inefficace, d’autres comportements peuvent apparaître :
- Addiction en tout genre (surinvestissement professionnel comme échappatoire, utilisation excessive des outils numériques, drogues …)
- Adoption d’un rôle social inapproprié (provocateur …)
- Distanciation émotionnelle
- Manifestations d’irritabilité ou de frustration
L’approche IFS
La méthodologie IFS (Internal Family Systems), développée par Richard Schwartz reconnaît la coexistence de différentes « parties » au sein d’un même individu, certaines étant des ressources, d’autres portant des charges émotionnelles freinant l’épanouissement.
Cette approche permet de passer d’un état de stress généralisé à une cartographie précise des zones de tension et de ressources internes.
Pistes pour réintégrer ses ressources émotionnelles
Reconnaitre ses différentes parties permet d’aller en toute conscience vers la partie blessée, lui donner de l’attention et la réintégrer dans le système.
Il s’agit de passer d’un état figé/anesthésié/amalgamé (ou le mal être étouffe tout dans son corps et sa tête) à celui où nous pouvons identifier puis observer en nous les parties qui vont bien et se consacrer à celles les plus endommagées.
Interroger le stratagème, l’addiction, par exemple, qui finit par nous déplaire et que nous avons mis en place pour éteindre la part endommagée en lui demandant quelle est son intention.
Regarder en face cette peur qui se cache et que nous ne fuyons plus. Observer ce qu’elle fait dans son corps, accepter d’écouter ce cri contenu, respirer. Recréer un lien avec la partie exilée et progressivement la réintégrer dans son système.
par Virginie JUBAULT, coach certifiée (CT Transformance) et associée, Avocom.
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