Comprendre ses émotions pour gérer intelligemment les situations de vie

BLR n° 45 – 19/12/2024

temps de lecture 3 minutes
La minute du coach avec Virginie Jubault

Un client m’a demandé l’autre jour de lui parler des émotions. Petit tour rapide pour comprendre leur rôle, apprendre à les reconnaitre, savoir ce qu’on en fait…

Les émotions : ça incite à l’action

Etymologiquement, le mot « Emotion » vient de movere, se mouvoir. L’émotion a pour but soit de modifier l’environnement, soit de permettre à la personne de survivre dans cet environnement.

Les émotions sont des réactions psychologiques à ce que nous percevons du monde extérieur.

Ce sont des incitations à l’action – des plans instantanés pour faire face à l’existence.

Bien que le monde émotionnel soit complexe et diversifié, nous pouvons en identifier quatre principales : la peur, la colère, la tristesse et la joie.

La peur est l’émotion de l’avenir. Elle nous prévient d’un danger et nous permet d’y réagir. Elle nous offre la possibilité de l’affronter. Elle est dite fonctionnelle quand elle surgit face à un réel danger et nous permet d’y faire face. Si nous n’avions pas peur, nous ne pourrions pas prendre de décisions assurant notre survie. La peur est dysfonctionnelle quand le danger est fantasmé ou dramatisé, et qu’une inquiétude disproportionnée inhibe l’action. Certaines personnes imaginent le pire d’une situation, envisagent toutes les difficultés pouvant s’y rattacher, ce qui a pour conséquence d’augmenter leur stress et de leur faire perdre leurs moyens.

La colère est l’émotion en rapport avec le présent. Elle vise à obtenir un changement dans l’environnement, soit parce que cet environnement est frustrant et n’apporte pas de satisfaction, soit parce qu’il a été envahi. La colère est fonctionnelle quand elle permet de se faire entendre et de montrer à l’autre quelles sont ses limites. La colère est dysfonctionnelle quand elle concerne le passé.

Elle est alors inefficace, inappropriée, et n’apporte aucun changement.

Souvent, les personnes qui n’ont pas pu obtenir réparation pour les blessures qu’elles ont subies restent dans une colère qui ne trouve pas d’issue. Elles imaginent ce qu’elles auraient pu dire ou faire. Mais ces pensées n’apportent pas de solution et épuisent l’énergie. Sauf à pouvoir se confronter aux personnes qui les ont blessées, ressasser le passé ne les fait pas avancer.

La tristesse est l’émotion liée au passé, à la perte. Les larmes sont une façon de digérer la perte, de métaboliser le deuil. Elle est fonctionnelle quand elle fait partie d’un processus de deuil et qu’elle est liée à une perte avérée. Elle est dysfonctionnelle quand elle s’apparente à la dépression et que la personne reste bloquée dans son chagrin qui n’évolue pas. Ce chagrin sans solution est une façon d’exister qui affaiblit peu à peu la personne et l’empêche de vivre pleinement.

La joie est une émotion liée au présent ou au futur proche. Le sentiment de plaisir exprimé par le rire ou le sourire soulage les tensions et l’excitation provoquées par les situations agréables. La joie est fonctionnelle quand elle correspond à un moment

joyeux présent ou à venir. La joie à travers le rire est dysfonctionnelle quand c’est une réaction défensive à un moment douloureux ou dirigé aux dépens des autres.

Plus nous sommes au clair avec nos émotions, mieux nous les comprenons, plus elles nous aident à gérer intelligemment les situations. Mais pour être clairs avec nos émotions nous devons les reconnaitre et leur donner un sens.

Plus nous sommes au clair avec nos émotions, mieux nous les comprenons, plus elles nous aident à gérer intelligemment les situations.

Les émotions : ça s’éduque !

Chacun met en place un système émotionnel complexe : certaines émotions sont permises, d’autres justes tolérées et d’autres interdites.

L’enfant va apprendre à répondre aux situations par une émotion acceptable, mais parfois peu proportionnée à la situation. Il développera une réponse émotionnelle lui permettant de recevoir les signes de reconnaissance nécessaires à son développement, mais cette réponse ne sera pas toujours efficace pour faire face à ce qui se passe.

A l’âge adulte, il est possible de retravailler sur ses émotions pour poser le bon diagnostic sur ce que l’on ressent et se réapproprier les pensées et les comportements ad hoc.

C’est ce sentiment substitutif au sentiment authentique (qui aurait vraiment été en rapport avec la situation) qu’on appelle « sentiment parasite » ou « racket ».

Schématiquement ces émotions parasites se construisent de trois façons différentes à travers :

  • La modélisation : en regardant nos parents vivre, nous apprenons quels sont les sentiments permis et les sentiments interdits (le petit garçon peut apprendre de son père que la colère est l’émotion qui le fait prendre au sérieux).
  • Le conditionnement à travers les signes de reconnaissance reçus : si un enfant reçoit de l’attention quand il est triste et n’intéresse personne quand il est joyeux et actif, il est probable qu’il développera un sentiment parasite de tristesse et de dépression.
  • La prescription : si l’on décrit à l’enfant l’émotion de manière erronée, l’enfant substitue le sentiment qui est verbalisé à celui qu’il éprouve réellement (Ex : mais non, tu n’es pas furieuse, tu es fatiguée)

A l’âge adulte, il est possible de retravailler sur ses émotions pour poser le bon diagnostic sur ce que l’on ressent et se réapproprier les pensées et les comportements ad hoc.

Les émotions : ça se gère !

Les leaders qui comprennent et gèrent efficacement les émotions — les leurs et celles des autres — peuvent motiver et engager leur équipe plus efficacement.

L’important c’est d’apprendre à gérer ses émotions (ce qui permettra par la suite de mieux réagir face à celles des autres qui nous impactent directement) :

Pour nous aider à progresser dans notre conscience des émotions, Fanita English (psychothérapeute, spécialiste de l’Analyse transactionnelle) propose trois aspects dans la perception et la gestion des émotions :

  • La conscience du ressenti : je suis conscient de me sentir bien ou mal, en colère ou effrayé, heureux ou mécontent.
  • La manifestation, le comportement ou la parole liés à ce ressenti : je montre que je suis effrayé, triste. Je pleure, je ris, je dis ma peur ou ma colère. L’expression de ces émotions est à moduler dans le cadre professionnel.
  • L’action dirigée vers quelque chose ou le passage à l’acte qui découlent de l’émotion : j’explique la raison pour laquelle je suis satisfait(e) d’un travail, pour laquelle je ne suis pas satisfait (e ), je décide que je ne suis pas en état de discuter et préfère m’éloigner pour revenir plus apaisé(e ) ultérieurement et ne pas exploser…

Ces trois aspects nous permettent d’être dans l’émotion de façon différente et d’agir plus en conscience et de lui donner un sens.

Il est important non seulement d’apprendre à discerner l’émotion qui nous anime, mais aussi de savoir pourquoi nous la ressentons, ce que nous allons en faire et comment nous allons l’exprimer.

Les leaders qui comprennent et gèrent efficacement les émotions — les leurs et celles des autres — peuvent motiver et engager leur équipe plus efficacement.

Un leadership qui inclut l’empathie, la reconnaissance des efforts et la gestion constructive des tensions peut améliorer le moral et la productivité de l’équipe.

par Virginie JUBAULT, coach certifiée (CT Transformance) et associée, Avocom.

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