Régis Bourgueil, secrétaire général, PMU

Photo de couverture : Régis Bourgeuil, secrétaire général, PMU

BLR n°35 -14/12/2023

Cette semaine, la rédaction de la Business & Legal Review a posé ses questions à Régis Bourgueil, récemment nommé secrétaire général du PMU.


Votre job description ?

Secrétaire Général, cela signifie plusieurs « jobs ». Au PMU, le Secrétariat Général inclut le juridique, la régulation, la compliance, la communication, les affaires publiques et la gouvernance. C’est un métier très en lien avec la direction générale et les métiers et, de manière générale, la stratégie de l’entreprise. Le périmètre est important, cela requiert donc des équipes solides et impliquées. En fait, mon métier c’est d’aider les autres à faire le leur.

Quelles responsabilités ? Quels enjeux d’avenir ?

Dans le secteur des jeux en France, le droit est un vrai levier stratégique. L’article 1er de notre corpus de règles c’est l’interdiction des jeux d’argent et de hasard. C’est un fait peu connu mais nous sommes en France dans un régime, par principe, prohibitionniste. C’est seulement par exception légale que certains types de jeux sont autorisés et, à ce titre, très régulés. Si vous êtes en dehors de l’exception légale, vous êtes donc dans l’interdiction.

On l’a vu sur les jeux NFT dans le Web3 ou sur certaines mécaniques de jeux vidéos : si vous proposez un jeu d’argent qui ne correspond pas précisément à l’une des qualifications juridiques légalement autorisées (principalement : pari sportif, pari hippique, loterie, jeux de casinos, poker), vous êtes dans l’illégalité. L’enjeu, c’est soit de rentrer dans les cases légales limitativement définies, soit d’en créer de nouvelles.

En clair, dans le secteur des jeux, pour toute idée, innovation ou stratégie, vous êtes immédiatement face à la norme.

Toute réflexion stratégique dans le secteur des jeux requiert dans le même temps une réflexion juridique, de manière parfaitement synchrone.

Sinon, vous êtes hors-sol ou tout simplement dans l’illégalité.

C’est vraiment une spécificité du secteur, les autres secteurs sont moins directement confrontés à la norme.

Dans ce contexte, quand vous êtes dans une entreprise comme le PMU, quasi-centenaire et avec des forts enjeux de transformation et d’innovation, les sujets ne manquent pas au Secrétariat Général !

Les qualités essentielles d’un juriste d’entreprise ?

La paranoïa, pour commencer. La paranoïa, c’est l’imagination défensive. C’est souvent une bonne hygiène juridique. Et c’est parfois le début d’une bonne tactique.

Puis, dans une version plus offensive et positive, il y a l’imagination réaliste et méthodique, celle de Giraudoux, un mélange de lucidité et d’anticipation, proche de la stratégie.

Je dis souvent que les coups d’après se préparent avant.

Il faut commencer par les imaginer. Au fond, c’est l’imagination, défensive et offensive, la qualité essentielle d’un juriste.

Les qualités essentielles d’un avocat ?

L’exigence, la non-complaisance. L’indépendance de l’avocat est à cet égard essentielle. Un bon avocat doit être contradicteur de son client, même lorsqu’il a raison.

Un bon dossier c’est lorsque tous les points ont été soulevés car l’avocat et le client ont pu argumenter et contre-argumenter.

Pour y parvenir, il faut que le client puisse être pénible avec son avocat et réciproquement !

Les profils idéaux pour bosser avec vous ?

L’écoute car, qui écoute apprend. L’exigence aussi car elle rassure et, sans elle, les bonnes idées ne viennent jamais. Enfin, il ne faut pas se prendre trop au sérieux.  

3 personnes / personnalités que vous aimeriez embaucher pour compléter votre équipe ? (célèbres ou pas, fictives ou pas, vivantes ou pas)

Dwight Schrute (The Office),

Winston Wolfe (celui qui résout les problèmes dans Pulp Fiction)

– et Nicolas Machiavel.

Qu’est-ce que vous aimeriez faire différemment dans votre vie quotidienne ?

Interdire les réunions de plus de 45 minutes.

Le livre que vous auriez aimé écrire ? Le livre que vous lisez actuellement ?

Je pense que le livre le plus difficile à écrire serait un grand roman drôle. « Don Quichotte », « Gargantua » ou « La conjuration des imbéciles » sont des exemples réussis, il y en a peu. C’est possible d’être drôle dans des chroniques et nouvelles, dans un discours, dans un essai, dans des lettres (la correspondance de Voltaire est aussi très drôle), au théâtre, mais c’est très difficile dans un roman.

En ce moment, je relis Charlie Munger (il était d’ailleurs avocat d’affaires de formation) qui est décédé récemment. C’était le bras droit de Warren Buffet. Il a notamment beaucoup travaillé sur la psychologie de l’investisseur et sur les biais psychologiques à éviter et les modèles mentaux à mettre en place pour bien raisonner.

Il cite souvent le système du pari mutuel (en Français dans le texte) comme modèle rationnel : il faut miser sur le cheval que les parieurs sous-estiment trop fortement, et qui est donc sous-coté, et qui a une chance de gagner. C’est le meilleur rapport rendement/risque.

C’est drôle de lire le cerveau de Buffett qui a créé « from scratch » un fonds d’investissement de 800 milliards de dollars citer le modèle du pari mutuel. On se croirait au PMU (qui signifie Pari Mutuel Urbain) !

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