L’écologie et la narration du pire
Photo de couverture : Alice Canabate, auteur
Face aux catastrophes annoncées, aux risques d’effondrements et aux désarrois qu’ils suscitent, est apparue en France une « bataille des récits » où s’entremêlent études scientifiques, travaux de vulgarisation, mais également communautés et collectifs affinitaires.

Les « grands récits » des XIXe et XXe siècles ayant fait faillite, il est courant d’entendre aujourd’hui que de nouveaux récits collectifs doivent émerger. Des nouveaux récits dont on attend qu’ils répondent aux inquiétudes et redonnent de l’espoir quant à des avenirs de plus en plus sombres, ceci leur conférant alors un potentiel quasi magique.
Ce faisant, ils entraînent des stratégies prospectives et des politiques différentes, voire opposées. Ce livre décode les fonctions et les puissances politiques du récit et ses enjeux, décrypte et compare les récits d’effondrements afin d’en comprendre les origines, les vertus, les crispations et les affects qu’ils brassent. Il rappelle également que la question des limites est un souci écologique essentiel et une responsabilité collective.
Anecdote
En 2016, j’écris une tribune personnelle : Contre l’élégie des a-venirs ou comment avoir trente ans aujourd’hui ?
Face à la dégradation environnementale et à l’ankylosement de la capacité critique, je voulais susciter « une salve d’avenir ». En 2018, j’en publie une autre, le ventre rond cette fois, sur : Doit-on encore enfanter dans un monde saturé ? et y répond, irrésolu toujours, par l’affirmative. Je suis sollicitée l’année d’après par le CGDD du MTES pour travailler sur les nouveaux récits de l’écologie ; c’est finalement un rapport sur les « récits de l’effondrement » que je leur ai rendu, et qui a ouvert la porte vers ce livre.
Garder espoir mais dire le drame : c’est un peu ma ligne. Et, comme dit Char : « Ce n’est pas simple de rester hissé sur la vague du courage quand on suit du regard quelque oiseau volant au déclin du jour » !
Alice Canabate

Alice Canabate est sociologue, chercheure au LCSP de l’Université de Paris ; elle enseigne à l’Université Panthéon-Sorbonne, à l’Université de Paris, et à l’Institut Catholique de Paris. Elle a été codirectrice de la Revue Entropia de 2012 à 2015, vice-présidente de la Fondation d’Écologie politique de 2017 à 2021, et en est depuis Présidente ; elle est également au conseil d’administration de l’Institut Momentum.