Le coaching d’équipe, une démarche pragmatique pour améliorer la performance et la qualité de vie dans l’entreprise
Toutes les trois semaines, une personnalité des sciences humaines est choisie pour donner sa vision de « la part de l’humain » dans la réussite de projets professionnels en lien avec l’actualité économique et juridique.
Cette semaine, Virginie Jubault nous fait part d’une réflexion sur le coaching d’équipe, tirée d’une interview d’Yvane Piolet, consultante et facilitatrice en transformation organisationnelle et culturelle avec comme leviers la créativité et l’innovation, Créaloop.
Le coaching, un gros mot ?
Le mot coaching est galvaudé. L’époque actuelle voudrait imposer un gourou derrière tous nos maux quotidiens petits ou grands. L’amalgame est facile entre le coaching sportif, de vie, sur des méthodes agiles, etc. Si nous allons au-delà du terme coaching, la confusion peut même exister avec les métiers de thérapeute, tuteur, conseiller, consultant, formateur ou animateur.
Sauriez-vous définir le coaching d’équipe ?
Les besoins des équipes sont variés et chaque métier de l’accompagnement apporte des éléments différents. Pour ma part, j’ai choisi de développer mes compétences en tant que consultante, formatrice, animatrice ou coach afin d’intervenir au plus juste par rapport aux besoins des équipes et de la manière la plus efficiente possible.
Quels sont les besoins récurrents du bon fonctionnement d’une équipe ?
La demande basique consiste à former le collectif autour d’un projet commun et de valeurs partagées :
- Pourquoi : travail autour de la vision, de la raison d’être et des missions avec une recherche de sens et de cohérence
- Qui : développement de l’équipe avec son identité propre, ses points de force et sa cohésion
Les objectifs de l’organisation et les contributions individuelles doivent être alignées.
- Comment : mise en place de modes de fonctionnement au service du pourquoi de l’entreprise
- Quoi : objectifs, chantiers prioritaires, actions, ….
En quoi la crise sanitaire actuelle a fait évoluer les besoins d’une équipe ?
Le lien entre le « pourquoi » et le « quoi » est plus difficile à tisser. Je note une perte de sens et un questionnement de chacun sur son utilité dans l’entreprise. J’observe une surchauffe et une hyperactivité autour du « quoi » qui entraîne une déperdition d’énergie car trop déconnectée du « pourquoi », « qui » et « comment ». Les actions ne sont plus au service de la vision.
Pour redonner une cohésion d’ensemble, je propose d’agir sur le « comment » qui doit être agile et s’adapter en permanence, en travaillant sur les règles de gouvernance, les rituels, les prises de décisions ainsi que les indicateurs de suivi.
Le point de départ est toujours le même : avoir un cap. Que ce soit une vision, une raison d’être, une mission ou une vocation, qu’importe ! Et avec ce cap, réfléchir à « Comment » l’équipe se met à son service ? Il ne doit jamais être perdu de vue (il peut néanmoins bouger) pour garder la cohérence avec les actions sur le terrain.
Je ne parle pas de transformation volontairement. Je préfère la méthode des petits pas et de l’amélioration continue qui s’évalue en fonction des évènements qui se présentent et non pas de ceux que l’on anticipe.
Les règles de gouvernance
Elles s’établissent autour de rôles au service de l’équipe et de sa raison d’être. Chaque rôle doit être clair pour l’ensemble de l’équipe et en particulier pour la personne qui l’assume. Il est défini dans une fiche de rôle comprenant le nom, le but, le périmètre d’action et les contributions du rôle au collectif sous forme de redevabilités. Tout en étant autonome, les rôles travaillent en interdépendance. Chaque rôle peut évoluer, tourner, être supprimé, inventé, au bénéfice de la raison d’être, du « pourquoi ». Les rôles se pensent en termes de motivation, de temps disponible, de compétence et de complémentarité plus que dans une optique hiérarchique. Trois rôles se retrouvent dans toutes les équipes qui fonctionnent de cette manière-là : le lead (gardien de la raison d’être, de la répartition des rôles et de la motivation du collectif), le facilitateur (qui conduit le processus des réunions en prenant soin d’intégrer l’ensemble de l’équipe) et le secrétaire (qui travaille en binôme avec le facilitateur pour organiser les réunions d’équipe et garder une trace écrite des décisions prises).
Les rituels d’équipes
Ce sont des réunions régulières, opérationnelles et transversales que je suggère de mettre en place pour synchroniser le travail de l’équipe et trouver ensemble les prochains pas pour rester dans une fluidité d’action. Elles répondent à la philosophie du « test and learn » pour agir et réagir au plus proche du terrain et de la réalité. L’empathie, l’écoute, la curiosité et la créativité sont des qualités, amenées à être développées dans le cadre de ces réunions. L’intérêt réside pour les équipes à évaluer l’écart entre ce qui a été fait et ce qui aurait pu être mieux fait et opérer les réglages pour améliorer la performance et libérer l’énergie aux bons endroits. Les informations échangées doivent être factuelles, claires et cohérentes pour permettre à chacun d’être bien embarqué.
La prise de décision
Elle constitue une étape clé. Elle revêt plusieurs formes : autoritaire, consultative, vote, consentement et consensus. Chacune est adaptée en fonction des évènements qui se présentent et que j’apprends à l’équipe à identifier. J’attribue de nombreux bénéfices à la prise de décision par consentement que je m’efforce à bien faire comprendre pour lui permettre de l’appliquer à bon escient.
- Inclusion et responsabilisation : les membres de l’équipe contribuent tous et de manière équivalente à la décision.
- Engagement et cohésion : des décisions robustes et partagées sont prises, tout en actionnant la cohésion de l’équipe.
- Dynamique et initiative : ce processus maintient la dynamique de l’équipe et le mouvement avec des décisions suffisantes même si imparfaites.
La prise de décision permet de vérifier si la proposition initiale rencontre de vraies objections.
Yvane Piolet, crealoop
Toute la nuance réside dans le fait de distinguer entre préférence et véritable aversion étayée de faits précis et concrets et de concilier la proposition initiale avec l’objection. Le raisonnement s’appuie sur des ET et non pas des OU, des OUI ET.
Schéma sur les prises de décisions
Les indicateurs / marqueurs de suivi viennent assoir l’ensemble du « Comment » et permettent de piloter, valider et réorienter le processus.
Premiers pas vers le coaching d’équipe dans un cabinet d’avocat :
Mon travail consiste à valoriser les singularités au sein du collectif pour faire mieux tous ensemble plutôt que seul. J’aide à mieux combiner l’individuel avec le collectif en travaillant sur les écarts et les incongruités. Je m’efforce de recréer le lien entre les actions et la vision. Tout le travail de coaching est de faire ressortir les talents et l’adaptabilité de l’équipe, afin qu’elle navigue seule à terme et sans béquille.
Je m’appuie toujours en début de mission sur des sponsors, parties prenantes clés, qui ont envie et conscience que quelque chose dans le domaine de l’humain pourrait être amélioré. Je dois créer l’alliance avec ce groupe de personnes, désireuses de bouger en m’assurant que chaque membre a le désir de changer et qu’ils s’incluent dans ce projet de changement.
J’insiste sur la devise bien connue du mythe d’Œdipe « Connais-toi toi-même ». Une meilleure connaissance de soi permet de mieux comprendre l’autre et de mieux entrer en relation.
Cette intelligence de soi vise à travailler autant l’interne que l’externe, le dedans et le dehors et de créer des ponts.
Courte biographie d’Yvane Piolet :
- fondratrice, experte en créativité, innovation et transformation, crealoop
- co-fondatrice d’Openers, consultante experte (2018-2019)