Isabel Bornet
BLR n°29 – 11/05/2023
Portrait original à lire entre les lignes d’Isabel Bornet, présidente de l’IAE Paris Sorbonne Business school ALUMNI et membre du Conseil scientifique des Business & Legal Forums.
Plutôt pleurotes ou shiitakés ?
Pleurotes, en omelette c’est merveilleux.
C’est une histoire d’enfance, j’en ai ramassé des champignons !
Si j’étais un #
#persévérance ou #résilience
Ça parle de mon caractère, ça parle d’aller très bas pour ensuite remonter. Être capable de toujours tirer quelque chose, même de la critique la plus négative, pour se remettre en question.
C’est aussi être en mesure d’accepter sa part de responsabilité dans ses échecs. Parfois, cela peut être perçu comme de l’arrogance par les autres mais ça ne l’est pas du tout. Dans le coaching, on parle de position basse, c’est-à-dire que, face à quelqu’un qui est dans la souffrance, il ne faut pas se placer au-dessus de lui mais plutôt le tirer vers le haut et pour faire ça, il faut d’abord accepter sa propre place.
Mon indispensable
L’amour !
Manager, emmener les gens plus loin, les faire grandir, c’est ça aimer les autres.
C’est les regarder dans leur intégralité, prendre à la fois le meilleur de ce qu’ils sont et leurs défauts. Il faut faire preuve d’empathie, même face aux personnes qui peuvent avoir un comportement qui nous déplaît et regarder ce qu’il révèle. Il est important d‘être son propre gendarme intérieur pour vraiment écouter et comprendre les gens. Aujourd’hui, on a tendance à ne plus écouter les autres, on est toujours en train de réfléchir à ce qu’on va leur dire.
La rencontre qui a compté
Il y en a eu plein.
D’abord dans l’enfance, il y a eu ma maîtresse d’école, mademoiselle Feuillatre. Je suis arrivée en France quand j’avais 8 ans ne connaissant pas un mot de français. Elle a tout de suite compris et m’a portée pour apprendre. Cette femme a complètement changé ma vie car elle a déclenché chez moi une envie d’être la meilleure. C’est devenu mon fil conducteur !
La deuxième rencontre est celle d’une femme dans le monde professionnel. Elle aurait pu être ma grand-mère ! Elle a mené des combats féministes en s’impliquant à l’époque dans le MLF (Mouvement de libération des femmes). Elle m’a appris beaucoup de choses sur le combat des femmes et la défense des droits des salariés. A cette époque, j’avais 25 ans, elle m’a poussée à m’intéresser au comité d’entreprise. Je suis devenue adhérente de la CFDT et secrétaire de CE. J’ai aussi appris le droit social grâce à la formation qu’on peut avoir au sein du syndicat. C’est certainement ce qui a poussé ma carrière vers le monde du conseil.
C’est amusant d’être membre de votre conseil scientifique car j’ai toujours été intéressée par le droit. Sans doute grâce à une histoire de famille. Un de mes oncles est juge au tribunal constitutionnel portugais, il est allé signer en 1999 les documents officiels au nom de l’Etat portugais lors de la « cession » de Macao aux Chinois. Ce fait historique a marqué ma famille qui m’a transmis le sens de la justice et de l’équité.
Plus récemment, dans le monde professionnel, j’ai eu l’occasion de découvrir une organisation – le centre des jeunes dirigeants – dans laquelle j’ai rencontré des chefs d’entreprises hallucinants d’humanisme. On a beaucoup échangé, notamment avec l’un d’entre eux, Julien Leclercq, qui a écrit un livre excellent qui s’appelle « Chronique d’un salaud de patron ». C’était une très belle rencontre professionnelle : il est impressionnant de réussite et d’humilité.
Ma préoccupation n°1
Je suis inquiète de savoir comment on va pouvoir préserver l’humanité contre elle-même. La planète s’en sortira, même si elle doit nous anéantir. C’est terrible, ce que je vous dis, mais elle a éradiqué des dinosaures et nous sommes bien minuscules à côté d’eux. En fait, ce qui me préoccupe surtout, c’est que les enjeux environnementaux sont devenus une idéologie. Il serait temps qu’on arrête d’en faire un jeu politique, au sens négatif du terme et de passer à l’action. N’est-il pas temps de laisser parler les vrais scientifiques, de manière apaisée et posée, et non pas les militants écolos, pseudos spécialistes ne maîtrisant pas le sujet ?
Mon meilleur conseiller
Ce sont mes enfants.
Ce ne sont pas des conseillers habituels, ils ne conseillent pas vraiment, ils questionnent plutôt. Ils me font aussi découvrir des tas de choses surtout par leurs univers.
Dans le monde professionnel, j’ai un ami coach, un compagnon de route professionnel, que je connais depuis très longtemps et avec qui j’ai réalisé à la fois des missions de coaching et des missions de conseils.
Une best practice
C’est la manière dont je gère mon temps grâce à la méthode des « gros cailloux et des petits cailloux ». Ça consiste à poser ses gros cailloux en début de semaine, donc les sujets qui vont me demander de la réflexion et du temps. Ensuite, je peux mettre les petits cailloux qui sont les autres sujets. Pour finir, le sable qui représente les imprévus se glissant entre les cailloux.
La victoire dont je suis fière
Il y en a quelques-unes mais qui ne sont pas dues qu’à moi, on ne réussit pas tout seul !
Dernièrement, c’est d’avoir aidé quelqu’un qui était en recherche d’emploi et qui n’arrivait pas à trouver sa route. Nos différents échanges et les questions que je lui ai posées ont réussi à déclencher tout son plan d’action. Depuis, elle a retrouvé du boulot et a intégré une formation qui manquait à son projet professionnel. Je ne suis pas allée dans le chemin de l’émotion, je l’ai plutôt emmenée à regarder ce qui se passait autour d’elle. Elle a ainsi pu prendre sa propre décision.
Next step
Sur le plan professionnel, je réfléchis depuis un certain moment à faire autre chose, même si je n’ai pas encore trouvé quoi. J’ai envie d’apprendre, d’aller vers un domaine qui sort de ce que je sais faire. Il y a une chose dont je suis certaine, c’est que le temps que j’ai consacré au bénévolat a été super. J’ai rencontré des gens magnifiques, mais, aujourd’hui, je ne souhaite plus donner ce temps au bénévolat. Ce n’est pas une question de rémunération mais le bénévole est celui dont on exige énormément, comme dans le monde de l’entreprise et à qui on ne rend pas forcément justice. J’envisage donc une autre forme de don.
La question que j’aurais aimé qu’on me pose
C’est marrant parce que ça c’est une question de coach, mais ça me laisse en réflexion !
Je pense que la question que vous ne m’avez pas posée c’est : « est-ce que vous êtes heureuse ? »
Oui, je suis heureuse. Heureuse de faire plein de petites choses. Au moment du Covid, je me rappelle qu’avec mon mari on avait juste envie de pouvoir aller prendre un café en terrasse, être à l’extérieur et profiter de la liberté. Depuis, je me suis rapprochée des choses plus simples comme aller voir mes amis plus souvent, se retrouver, rire, danser, ça nourrit le fait d’être heureux et c’est gratuit !
Quelques recommandations
- Un article concernant la réforme des retraites qui s’intitule« Réforme des retraites : les citoyens au miroir de leurs émotions » écrit par Alain Faure. La manière dont il observe la chose est très intéressante et très juste. Il explique que tout se base sur le ressenti et qu’il n’y a plus de vision globale, de collectif. C’est un peu la même histoire que lorsque les gens ne veulent pas se faire vacciner mais bénéficie du vaccin qu’ont eu les autres.
- Livre sur la vulnérabilité « Cessez d’être gentil, soyez vrais ! » par Thomas D’Ansembourg